La préposition de est de loin la plus usitée ; ses emplois sont extrêmement divers.
De partitif. La valeur partitive de de apparaît non seulement dans l'article dit « partitif » (acheter du pain, de la viande), mais aussi devant d'autres déterminants du nom :
Reprenez de ce plat. J'ai lu de ses livres. J’ai eu de leurs nouvelles.
De distributif. On dit Ça revient à vingt euros de l'heure ou, dans un usage un peu plus soutenu, Cela revient à vingt euros l'heure (ou par heure), Payer huit centimes du kilomètre.
De, en. Pour indiquer la matière de quelque chose, on emploie de ou en (de apparaît parfois d'un usage un peu plus soutenu) : une maison de brique ou en brique, de la vaisselle de porcelaine ou en porcelaine.
De, pour. Pour indiquer la cause ou le motif de la gratitude, de l'approbation ou de la désapprobation, on emploie de ou pour. On dit remercier (ou féliciter, louer, blâmer, critiquer, etc.) quelqu'un de quelque chose ou pour quelque chose :
On l'a félicité de ce succès ou pour ce succès, d'avoir dit cela ou pour avoir dit cela.
Le train de Marseille est une expression ambiguë qui peut désigner le train venant de Marseille ou le train qui va à Marseille. Ce deuxième sens peut être exprimé sans ambiguïté sous la forme le train pour Marseille.
Ce vantard de Martin. Son idiot de frère. Dans ce type d'expression, de relie un nom ou un adjectif à un nom pour le qualifier, le plus souvent avec une valeur dépréciative, parfois aussi dans une intention plaisante :
Mes amitiés à votre tabellion de mari.
Le déterminant du nom qualifié est presque toujours un démonstratif ou un possessif. Seuls certains adjectifs pouvant être employés comme noms sont susceptibles d'être construits ainsi : on peut dire Ce paresseux de Jacques car on dit aussi Jacques est un paresseux, mais non *Cet aimable de Jacques, car on ne dit pas *Jacques est un aimable.
Rien de nouveau. Encore un carreau (de) cassé. De est nécessaire devant un adjectif ou un participe se rapportant comme épithète à un pronom indéfini comme rien, tout, personne, quelqu'un, quelque chose, autre chose, ou démonstratif comme ceci, cela, ou interrogatif comme quoi, que :
Il n'y a rien de vrai dans cette histoire. Quelque chose de nouveau s'est produit. L'affaire a cela de curieux que... Quoi de plus simple que ce problème ? Que dit-il d'intéressant ?
De même après il y a, sans pronom exprimé : Il n'y a de changé que l'heure du rendez-vous.
Avec un mot numéral ou un indéfini (article ou déterminant), on dit par exemple : Il y a eu dix personnes blessées ou dix personnes de blessées, mais de est nécessaire si la phrase contient le pronom en avant le verbe :
Il y en a eu dix de blessés. Il y a des questions simples, et il y en a de compliquées. J'en ai vu quelques-uns de surpris.
Tu en as une, de veine ! Ce genre de phrase segmentée est de l'usage familier. De introduit un nom annoncé par en dont le déterminant (article indéfini, mot numéral ou indéfini) est mis en relief en tête de phrase : Il en possède au moins cinq, de maisons. J'en ai connu bien d'autres, d'aventures.
(De ce) que + indic. Certains verbes qui reçoivent un nom complément introduit par de peuvent aussi être complétés par une subordonnée à l'indicatif introduite par de ce que : Il abuse de la situation. N'abusez pas de ce que votre adversaire est momentanément en difficulté.
Cette construction s'applique à des verbes tels que:
abuser, bénéficier, naître, se prévaloir, profiter, provenir, remercier qqn, résulter, savoir gré à qqn, se venger, venir, en vouloir à qqn.
De nombreux verbes, en général pronominaux, exprimant un sentiment, peuvent être suivis d'une subordonnée ordinairement à l'indicatif introduite par de ce que, qui se transforme en infinitif en cas d'identité de sujet :
Je me félicite de ce que tout s'est bien passé. Je me félicite de vous avoir écouté.
Cette construction peut s'appliquer notamment aux verbes suivants: s'affliger, s'applaudir, s'effrayer, s'émerveiller, s'enorgueillir, s'épouvanter, s'étonner, se féliciter, se formaliser, se froisser, se glorifier, s'impatienter, s'indigner, s'inquiéter, s'irriter, se lamenter, se louer, s'offenser, s'offusquer, se plaindre, se réjouir, souffrir, se vanter, se vexer.
On préfère souvent employer après ces verbes une subordonnée au subjonctif introduite simplement par que; c'est même le cas le plus fréquent pour s'étonner, se plaindre, se réjouir :
Je m'étonne qu'il n'ait rien dit. Félicitez-vous qu'on m'ait écouté.
On dirait d'un... Cette construction est de l'usage littéraire : On dirait (ou on aurait dit) d'un fou (usage courant : On dirait, on aurait dit un fou).
Omission de de : la question financement. Dans l'usage familier ou le langage des affaires, on juxtapose parfois un nom sans article à un mot tel que question, point de vue, côté, facteur, air, aspect, allure, élément, au lieu de faire de ce nom un complément qui serait le plus souvent introduit par de et serait précédé d'un article :
La question financement n'a pas été réglée (usage plus soutenu : la question du financement). Du point de vue qualité, ces deux articles se valent (usage plus soutenu : du point de vue de la qualité). Du côté santé, tout va bien. Il faut tenir compte du facteur temps. C'est l'élément rapidité qui a été déterminant.