Échec
Note préliminaire: Cette entrée comprend la notion d'échec et l'idée de « rater » quelque chose, qui sont indissociables.
C'est foutu
La chose est manquée, elle ne se réalisera pas. Foutu est un mot polyvalent d'une extrême fréquence dans le langage familier.
Quand j'ai vu arriver François-Pierre j'ai senti la soirée était foutue...(la bonne ambiance n'allait pas durer, la soirée serait gâchée).
Regarde, mon blouson est foutu; il l'a brûlé avec sa cigarette, l'autre connard !
Origine : 18e siècle. Le mot a appartenu pendant deux siècles au langage populaire grossier et violent. Du verbe foutre dans son acception obscène : « coïter » (qui n'est plus ressentie ou même connue aujourd'hui par l'ensemble des Français).
Le bide
L'échec complet, d'abord dans le domaine du spectacle : Le dernier film de Machinberg a fait un bide retentissant. (il a connu un échec surprenant, étonnant, alors qu'il avait suscité les plus grands espoirs).
Dans n'importe quel autre domaine par extension : Je suis allé voir le directeur pour lui présenter mon projet : le bide intégral ! (ça ne l'a pas intéressé du tout)
Origine : Années 1950 dans le registre familier usuel, et plus tôt dans l'argot des comédiens. Évolution probable d'une locution du 19e siècle dans le même sens qui était partir sur le ventre. Cf. ramasser un bidon, « partir », en 1836 (voir partir, « En complément »).
C'est râpé
C'est un échec, c'est foutu. Emploi fréquentais donc, le voyage en Chine pour le mois d'octobre... Eh bien c'est râpé! Les crédits ont été refusés. (le projet « tombe à l'eau »)
Origine : Début 20e siècle. Il est probable qu'il s'agit d'un dérivé d’une râpée, « un coït » (attesté début 20e s.), dans le langage populaire, par l'équivalence de c'est foutu/c'est râpé. La proximité sonore de râpé et de raté a dû influer.
La tasse
L'échec, dans un registre familier- argotique. Peu fréquent, en synonyme de le bide.
J'ai tout essayé pour le dérider : la tasse ! (j'ai tenté de l'égayer sans y parvenir)
Origine : Années 1960. Par antiphrase de « bonheur, réussite » ; en effet, la tasse était probablement une variante de « pot, bol» au sens de « chance ».
Idée de rater
Louper
Manquer, rater. Très usuel et à peine familier.
Jean-Jacques vient de téléphoner : il a loupé le train.
J'ai loupé l'émission sur les chiens à la télé.
Elle a loupé son examen. (elle l'a raté, elle n'a pas été reçue)
Origine : Vers 1910. Probablement de louper en langage populaire vers 1900 : « Flâner, courir les cabarets, les bals publics, au lieu d'aller à l'atelier » (H. France).
Foirer
Manquer, rater - au sens concret d'une vis qui « foire », qui tourne dans le vide sans se bloquer. Au sens abstrait, on le dit d'un projet, d'une affaire, etc., qui échoue : Nous avions préparé un échange avec une classe en Angleterre, mais ça a foiré pour des questions d'autorisation administrative.
Dérivé foireux Pas sûr, ambigu, pas net : C'est foireux comme projet, j'y crois pas cinq minutes.
Origine : Années 1910 dans ce sens. Vient d'une longue évolution du sens premier « avoir la colique » au 16e siècle pour « avoir peur».
Chier dans la colle
Faire échouer un projet par défection, maladresse, peur, etc.
Tout allait bien, et puis voilà que Bertrand a chié dans la colle ! (il a laissé tomber, ou il a commis une faute qui a tout fait rater)
Origine : Vers les années 1920. Par une variation probable sur l'idée de « foirer », avoir la colique : ça ne « colle » plus, ça ne va plus, ça ne s'arrange plus. Une variante polie de cette expression est jouer un mauvais tour, qui est antérieur.
Merder
Même chose que foirer, en plus grossier, mais en usage extrêmement courant chez les jeunes : C'est pas la peine que tu fasses des projets de vacances, ils merdent toujours.
J'ai merdé dans ma dissertation, j'ai confondu Racine et Corneille ! C'est con !