désordre
Note préliminaire : La notion de désordre, de pagaille, est extrêmement productrice de termes familiers, tous péjoratifs, et tous très usuels, dont la fréquence dépend surtout des habitudes et des préférences de chacun.
le bordel
Le désordre le plus inextricable. Terme d'une certaine verdeur. Vous avez foutu un bordel incroyable dans la cuisine, tout est sens dessus dessous. Plus personne veut rien foutre dans l'entreprise, tout le monde s'engueule, c'est le bordel intégral.
Dérivé : bordélique Désordonné. Se dit d'une personne mal organisée, ou qui n'a aucun sens du rangement : Philippe est assez bordélique, mais il s'en sort tout de même très bien. Le mot, créé dans les années 1950, est une parodie des adjectifs savants en -ique.
Origine : Vers 1910 au sens de « désordre ». Extension du sens conventionnel « maison de prostitution ».
le foutoir
Exprime une idée de « fouillis » dont le mot semble s'inspirer :C'est incroyable le foutoir que c'est sa chambre ! Une truie n'y retrouverait pas ses petits...
Origine : Vers 1950. De l'équivalence foutoir = bordel, mais le mot a été ressenti à l'origine comme une resuffixation de fouillis.
le merdier. Une situation inextricable et déplaisante. Terme assez grossier.
Si Natacha n'arrive pas assez tôt pour le mariage, nous serons dans un beau merdier.
J'ai perdu les clefs de l'appartement et la concierge est en vacances, c'est le merdier total !
Au sens de pagaille épouvantable : Vous allez me ranger tout ce merdier dans votre chambre tout de suite !
Dérivé : merdique Sous l'influence de bordélique, variante à consonance « savante » dans les années 1960 de merdeux : minable, laid, sans réel intérêt.
On a vu un film merdique, hier soir : Western...
Georges a un boulot merdique qu'il veut essayer de quitter.
Origine : Vers 1930 (G. Esnault ne l'enregistre qu'en 1951). Variation sur être dans la merde, dans une mauvaise posture.
le boxon
Le désordre : Qu'est-ce que vous foutez dans cette classe ? C'est le boxon ici.
Origine : Années 1940. De l'équivalence avec bordel au sens propre.
le bazar
La pagaille. Le mot est ressenti comme un euphémisme de bordel. Il est d'un usage féminin très courant. Vous allez ranger tout ce bazar dans vos placards .
Origine : Vers 1920. Par équivalence de bordel, renforcée par l'idée d'un magasin où l'on vend de tout.
le souk
La pagaille. Usuel.
La chatte m'a foutu le souk dans mes affaires.
Origine : Vers 1960. PAR variation « arabisante » de bazar et allusion au désordre apparent d'un souk, « marché » en Afrique du Nord.
le bin's
La pagaille. Le mot est ressenti comme un euphémisme de bordel et il est employé comme tel par les femmes ou les gens qui répugnent à prononcer des mots grossiers : Excusez le désordre, les enfants ont mis le bin's dans le salon.
Origine : Vers 1960 dans ce sens. L'histoire de ce vocable est curieuse. Créé dans l'armée comme une parodie d'anglicisme vers 1880 (G. Esnault le relève chez les artilleurs en 1893), il désignait les latrines, par troncation drolatique de « cabinets ».
On retrouve bin's dans les années 1950 chez les élèves officiers au sens de « travail pénible, merdier ».