Détester
ne pas pouvoir sentir
Détester franchement, éprouver une aversion instinctive et irraisonnée, avoir horreur. Très usuel.
Je ne peux pas sentir ma belle-sœur, c'est une vraie peste !
S'emploie aussi bien à l'égard des animaux que des choses :
Ma sœur ne peut pas sentir les chats, elle est carrément allergique.
Je peux pas sentir la choucroute, j'en ai horreur!
Origine : Très ancienne, peut-être 17e siècle. De l'aversion élémentaire que peut induire une odeur.
ne pas pouvoir sacquer
Détester, éprouver une aversion épidermique à l'égard de quelqu'un. Très usuel chez les jeunes.
Moi, je peux pas sacquer ce prof! T'as vu sa tête ?
La mère de Michel, elle peut pas me sacquer. Chaque fois que je vais chez lui j’ai droit à des réflexions, genre : « Tiens, tu reviens déjà !.. » Sympa !
S'emploie aussi à l'égard des choses :
Moi, c'est simple, je peux pas sacquer le riz !
Origine : 1919 (G. Esnault écrit saquer : « Le paysan meusien [saturé de troupes depuis quatre ans] peut plus nous saquer » - propos de soldat). La métaphore est : « mettre dans son sac».
ne pas pouvoir blairer
Ne pas pouvoir « sentir», en version argotique. Usuel.
Georges, il peut pas me blairer, chaque fois qu 'il me voit il m'engueule.
Dans un registre plus nettement argotique, avec le verbe seul - plus rare également :
J'blaire pas les escargots !
Remarque : Il semble que la tournure soit inusitée à la première personne : « Nous ne pouvons pas blairer... » paraît incongru.
Origine : 1914 chez G. Esnault. De blair, « le nez » (fin 19e s.), apocope de blaireau, même sens, 1832 (le blaireau a un long nez). Hector France relève avoir dans le blair : « Il y a longtemps que je t'ai dans le blair » (1907).
ne pas pouvoir piffer (on entend aussi piffrer)
Même sens que les précédents dans un registre équivalent. Très usuel.
Le chef d’équipe pouvait pas le piffer, il a fini par le renvoyer.
Remarque On dit aussi, dans un registre légèrement plus «vulgaire» : avoir quelqu'un dam le pif (forme argotique d'avoir quelqu'un dans le nez).
Le sergent nous avait méchamment dans le pif, il arrêtait pas de nous filer des corvées.
Origine : G. Esnault relève avoir dans le pif, « détester », chez les bagnards en 1821. Cependant, piffer ne semble pas être passé dans le registre familier-populaire avant la période de la guerre de 14-18.
ne pas pouvoir encadrer
Ne pas supporter. Surtout dans un langage de femmes qui évite les autres formules plus grossières.
Ah ! Rossignol, m'en parle pas ! Lui, je peux pas l'encadrer !
Remarque : L'expression à peine familière je ne peux pas le voir en peinture (c'est-à-dire : « même son portrait m'indisposerait au plus haut point ») est toujours usitée, et signale une haine irréductible.
N'invite surtout pas Odile, ma cousine peut pas la voir en peinture !
Origine : Vers 1920. Hector France relève : « Bon à encadrer, se dit ironiquement d'une personne ridicule que l'on considère comme devant être exposée aux passants pour les faire rire » (1907). Ne pas pouvoir encadrer en constituerait un superlatif dans l'aversion, avec l'influence de ne pas pouvoir voir en peinture, « éprouver une véritable répulsion ».
ne pas pouvoir encaisser
Ne pas supporter. Formulation fréquente pour une aversion tenace. Encaisser est l'équivalent d'encadrer, mais en un peu plus vigoureux, et plus fréquent de nos jours.
Ta tante, elle m'emmerde ! C'est bien simple, moi je peux pus l'encaisser!
Origine : Vers 1920. A partir du sens d'encaisser, « supporter, avaler » (fin 19e s.). Cf. H. France :« Encaisser un soufflet, recevoir une gifle sans la rendre » (1907).
débecter
Surtout dans la formule ça me débecte ( « ça me dégoûte »), autrefois courante, moins usitée aujourd'hui. Le mot a conservé de son origine une connotation de dégoût :
Moi je vote plus ! Toutes leurs salades politiques et leurs promesses en l'air, ça me débecte ! (ça m'écœure, ça me dégoûte)
Se dit également d'une personne :
Lulu, c'est un combinard, un profiteur, et en plus faux-cul ! Il me débecte.
Origine : Vers 1920. A partir du sens concret de débecter : «vomir » (fin 19e s.) - sortir du bec.
à gerber
A vomir. Locution moderne omniprésente chez les jeunes où elle tend à remplacer toutes les autres :
Ouais, il est à gerber, с'mec ! (ce garçon me dégoûte totalement, je n 'aime pas du tout ses manières)
La façon qu'il parle, comment il bouffe et tout - c’est à gerber! (il a des manières haïssables)
Origine : Vers 1980. A partir de ça m'fout la gerbe, « ça m'écœure complètement » - de gerber, « vomir », devenu usuel chez les jeunes dans les années 1970.