Cambriolage, voler
un casse Terme usuel pour désigner un cambriolage, mais aussi une attaque à main armée :
II y a eu un casse l'autre jour à la Caisse d'épargne, en plein après-midi.
Le mot est utilisé par les casseurs eux-mêmes, du moins dans les films et les romans policiers : Polo, il prépare un casse, faut pas le distraire...
Dérivé un casseur Un voyou quelconque, aussi bien parmi les professionnels de l'attaque que chez les manifestants qui cassent les vitrines des magasins et mettent le feu aux voitures. Le mot est employé au journal télévisé :
La police a arrêté une dizaine de casseurs au cours de la manifestation.
Origine Vers 1930 à Paris. Mot d'origine lyonnaise (1899 dans G. Esnault), apocope de cassement. Le parler lyonnais est friand de mots en -ment : un man-gement est un bon repas, un « gueuleton ».
Voler
Note préliminaire Le vol est naturellement, comme toute action délictueuse, le paradis de l'argot depuis ses origines connues au 15e siècle. Le langage familier a couru sur les traces des truands et réutilise un assez grand nombre de vocables issus du monde de la pègre.
faucher Terme alternatif pour « voler, subtiliser » : Le ministre des PTT s'est fait faucher son ministère par un de ses amis politiques.
Deux filles l'ont attaquée dans le métro pour lui faucher sa montre.
Dérivé la fauche désigne une entité assez nouvelle dans nos sociétés, du moins renouvelée depuis le 19e siècle : les vols amateurs sans culpabilité ni remords.
Dans les librairies, la fauche est devenue considérable, aussi les boutiques sont-elles équipées de systèmes antivol électroniques.
Car la fauche sous-entend un chapardage qui n'est pas destiné à la revente, mais à l'usage particulier du voleur :
C'est fou la fauche qui existe dans les magasins de sous-vêtements !
Origine 1835 dans le lexique de Raspail. D'après l'idée de « couper les bourses » (les faucher) déjà en 1713 (G. Esnault).
barboter Dérober, subtiliser, faire main basse sur... Le terme est doux et légèrement humoristique ; il s'emploie en famille.
C'est toi, Emilie, qui m'as barboté mon foulard?
Mais barboter demeure énergique chez les bourgeois :
Ma pauvre amie ! Edouard s'est fait barboter sa montre !
Origine Milieu 19e siècle pour le sens fort de « fouiller, dérober ». Etymologie mal établie; peut-être du mot barbot, « canard ». Faire le barbot, « fouiller les poches ». La barbote, en argot du bagne du 19e siècle (1821), désigne « la perquisition ».
piquer Voler, prendre. Même emploi que faucher:
Tiens, il me manque un bouquin, je me demande qui a pu me le piquer ?
Merde ! Je me suis fait piquer ma bagnole !
Origine Vers 1830. Du sens d'« attraper au vol, par hasard ».
tirer Voler, avec une connotation plus lourde que les termes précédents :
Alphonse s'est fait tirer tout son pognon lors d'un voyage en Asie. Il n'avait plus rien pour rentrer.
Ah les salauds ! Ils m'ont tiré mon sac !
Origine 1821 au bagne : « extraire subtilement d'une poche » (G. Esnault). Mais déjà au 16e siècle on trouve tirer le torchon, « voler les mouchoirs » (1566, Rasse des Neuds).
chouraver Voler, dérober. Très employé par les jeunes (la fauche est essentiellement faite par des gens qui chouravent !)
Si tu laisses là ton vélo t'es sûr de te le faire chouraver vite fait bien fait!
Remarque Les jeunes, qui ont adopté ce mot avec enthousiasme au cours des années 1970 sans bien le connaître, disent parfois choucraver, avec le sentiment que celui-ci est plus expressif et violent que chouraver.
Origine 1938 chez les forains (G. Esnault). L'étymologie n'a aucun rapport avec le vol des choux-raves dans les champs, il s'agit du romani tchorav, « je vole».
cravater Voler, confisquer, subtiliser en douce (il y a dans cravater l'idée de « rafle » ) :
J'avais trois bouteilles à la cave, elles n 'y sont plus: je me les suis fait cravater !
Origine Vers 1940 dans ce sens. Du sens d'« arrêter, faire prisonnier » (1926-40).
chiper Dérober, piquer. Le mot est très faible ; il était naguère employé par les petites filles (qui disent maintenant choucraver comme tout le monde) ; aujourd'hui il s'emploie par ironie, ou bien dans les circonstances délicates :
Le coquin, il lui a chipé sa femme !
Origine Milieu 18e siècle. Dérivé de chipe, « lambeau » (G. Esnault)
En complément Chauffer s'emploie parfois également : « Je me suis fait chauffer mon stylo ! »