Sabine Azéma, Le Parfum de la dame en noir
Le parfum de la dame en noir se répand à Venise, où passe la fine silhouette de Sabine Azéma
: la Mostra a présenté en avant-première hors compétition, avant sa sortie française, le tome II des aventures de Rouletabille adaptées de Gaston Leroux par Bruno Podalydès, avec la même joyeuse équipe que dans Le Mvstère de la chambre jaune Denis Podalydès, Pierre Arditi, Michael Lonsdale, Olivier Gourmet. Compagnie délicieusement burlesque, pour un roman-feuilleton plein de charme magique et ludique.
« C'est comme quand on est enfant, dit Sabine Azéma. Il y a les frères et sœurs, les cousins et, dans la bande, celui qui invente les jeux et les mène mieux que tout le monde. Bruno est celui-là : il se trimballe dans la vie avec son coffre à jouets, une immense culture sans l'esprit de sérieux, et il en sort des trésors. Mais qui sont toujours à construire, jamais tout faits. »
Dans le film, à l’abri de ses chapeaux noirs, Sabine Azéma apparaît un peu à part, lointaine, mystérieuse « Je voulais honorer le titre, qui suggère la féminité, l’aspect femme fatale du personnage. Elle n’est pas une mère, pas une épouse, elle n’est qu'une fiancée, et tous les hommes sont ses amants potentiels. Avec elle passent des thèmes plus sourds et plus inquiets. » Sabine Azéma a dû mettre une voilette digne devant son espièglerie naturelle : «Au milieu d’une troupe très comique, ce n'est pas facile de rester à l'écart : où a toujours envie d'être drôle, c'est tellement gratifiant ! Mais c'est ce mélange de farce absurde et d'étrangeté plus sombre qui fait l’originalité du film. »
Dans les couloirs du casino, Sabine Azéma croise Charlotte Rampling, qui la complimente.
Brève rencontre de deux belles actrices Rampling est magnifique de hauteur désenchantée et de désarroi amoureux dans Vers le sud de Laurent Cantet, troisième film français en compétition.
Le réalisateur de L'Emploi du temps s'est inspiré d'un recueil de nouvelles de l'écrivain haïtien Dany Laferrière, qui voit les rapports sexuels comme « un instrument de pouvoir politique, social, économique » dans la société haïtienne, où «le fossé est si énorme entre riches et pauvres ». Trois Américaines d'âge mur (Charlotte Rampling, Louise Portal et Karen Young), riches d'argent mais pauvres d'amour, viennent chercher sur les plages d'Haïti les émotions
et les caresses qui leur manquent. Dans le luxueux hôtel de La Petite Anse, elles se partagent les faveurs de Legba, un jeune Noir qui n'a que sa beauté et son art de la volupté pour se frayer un chemin parmi la misère, la violence et l'humiliation de son peuple.
Dès le début une anecdote donne au film un ton de fatalité tragique : une mère haïtienne cherche à donner sa fille à Albert, maître d'hôtel de La Petite Anse, pour lui épargner le destin terrible qu’elle prévoit, parce qu’elle a le malheur d’être pauvre et belle ». Le film creuse cette opposition entre les touristes de passage - qui ne meurent jamais - et les Haïtiens enfermés dans leur enfer. Il le fait sans manichéisme, en prenant au sérieux tous les personnages.