Эдит Пиаф

Que reste-t-il d'Edith Piaf après sa disparition? D'abord, une série de classiques de la chanson française "L'hymne à l'amour", "Mon légionnaire", "Les trois cloches", "La vie en rose", "La foule", "Mon manège à moi", "L'homme à la moto", "Milord", "Non, Je ne regrette rien" Les trois minutes de ses chansons portent toujours la substance de l'essentiel. Quand elle meurt sur scène d'amour, on lui pardonne toujours, comme à personne, de renaître le lendemain.

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Il reste aussi l'image de cette frêle silhouette aux cheveux noirs, le regard brillant, le geste retenu et pathétique. Un symbole du réalisme des années 30. Pourtant quelle énergie dans ce petit bout de femme vêtue de sombre Avant de se détruire, Piaf a dû se construire, devenir "la plus grande figure de l'histoire de la chanson" (dixit "le petit Robert"). Cette légende, elle l'a forgée, jour après jour, jouant à cache-cache avec elle-même, Tour-à-tour, elle est touchante et fragile, provocatrice et destructrice, en se jouant de tous les excès.

Sans cette prodigleuse capacité d'auto-destruction, Giovanna Gassion serait-elle devenue Edith Piaf?

Dickens et Zola auraient pu unir leurs talents. Ils auraient eu du mal à imaginer l'histoire d'Edith Giovanna Gassion qui voit le jour le 19 décembre 1915. Abandonnée par sa mére, son père, saltimbanque, la confie à la tenancière d'un "claque" en Normandie, jusqu'en 1922. Après quoi, elle suit son père de ville en ville. En 1930, affranchie de la férule paternelle, elle chante en duo avec Simone Berteaut qui deviendra son alter ego, son âme damnée... dans les rues... et les casernes. En 1932, la voilà casée et enceinte. Maman en 1933, elle perdra son enfant en 1935. Découverte à l'automne de la même année par Louis Leplée, figure des nuits parisiennes, elle fait les beaux soirs du "Gerny's". Elle enregistre dès la fin de l'année, "L'Etranger" et "Les Mômes de la cloche", Marguerite Monnot lui écrit des chansons. Au printemps 1936, Leplée est assassiné. On subodore très vite une sordide affaire de mœurs. Le public met la Môme au ban de l'infamie. Elle passe cependant à Bobino et à l'Européen à la fin du printemps. Mais, le disque et les scènes parisiennes ne peuvent nourrir une artiste débutante. Elle part à la conquête de la France profonde. À la fin de l'été, elle téléphone à Raymond Asso, auquel elle a refusé "Mon légionnaire". Après Leplée, il devient son nouveau mentor. A l'automne, elle décroche l'Alhambra. En,janvier 1937, elle inscrit dans la cire deux titres d'Asso et Monnot: "Mon légionnaire" et "Le Fanion de la légion". Au printemps, elle est à nouveau sur lès planches à Bobino. Mais ce n'est pas assez pour Edith. Elle veut l'ABC, le plus prestigieux music-hall parisien. Au printemps, le bastion tombe et le vent tourne. Elle triomphe à l'ABC. Dès l'automne, on la réclame à nouveau à l'ABC, dont elle fait la tournée provinciale. En juin 1938, elle est à l'Européen, puis, en octobre, elle enregistre "C'est lui que mon cœur a choisi". La machine est lancée, et c'est en montant sur les planches - sans micro -qu'on gagne le public. Elle est à Bobino, à l'automne 1938 et au printemps 1939. À l'automne 1939, la guerre éclate. Asso est mobilisé. Michel Elmer, lui laisse une chanson avant de rejoindre le front: "L'accordéoniste". Edith gagne sa vie au Night Club, puis elle est à l'affiche de l'Européen. Elle remarque un jeune chanteur, Paul Meurisse, elle le croque. À la fin de l'hiver 1940, le couple se produit, à Bobino avant de créer sur scène "le Bel indifférent" de Jean Cocteau. Au printemps, Edith remonte sur les planches de l'Européen avec Paul Meurisse. Parallèlement, les deux amants tournent dans "Montmartre-sur-Seine" avec Jean-Louis Barrault, Serge Reggiani, Georges Marchai, puis participent à "La revue de l'ABC". Au printemps 1941, ils sont à Bobino. Edith travaille maintenant avec Henri Contet, et au début de l'été, fait l'Européen. En 1942, l'Occupation est difficile à vivre. Son amant du moment est le pianiste juif Norbert Glantzberg. Parce qu'elle aime la provocation. A l'automne, elle est à l'ABC. En 1943, la France a touché le fond. Durant l'été, elle se produit à Bobino et va chanter pour les prisonniers dans les stalags. Elle les aide aussi à s'évader. C'est pendant cette période d'Occupation, que Piaf rencontre les Compagnons de la Chanson. En 1944, le second conflit mondial touche à sa fin, Lou Barrier devient l'impréssario de Piaf, il décroche un premier, contrat de deux semaines au "Moulin Rouge". La. première partie est assurée par Yves Montand. Piaf aimera Montand, avec lequel elle joue le rôle qui va être d'ésormais celui de sa vie: Pygmalion. Début 1945, il est en vedette américaine de son tour de chant a l'Etoile. C'est un triomphe. A l'automne, elle est à nouveau à l'Étoile, puis. pendant l'hiver à Bobino. Elle décide de quitter Polydor pour Pathé. Elle part en tournée en Alsace. Quand elle rentre à Paris, un des Compagnons de la Chanson a succédé à Montand. Montand, "viré" pour cause de succès. Elle lui a beaucoup apporté: l'a imposé au cinéma dans "Etoile sans lumière". Ce sont les Compagnons qu'elle va mettre maintenant sur la voie du succès. Ils sont dans la même "écurie". Pathé a décidé de mettre les moyens pour les imposer tout en relançant la carrière d'Edith. Avec eux, Piaf tourne "Neuf garçons, un coeur" et enregistre "Les trois cloches". À l'occasion'de l'interprétation scénique de cette chanson, Edith troque sa robe noire contre une robe longue bleu pâle. La chanson fait un triomphe.
À l'automne 1946, Edith retourne au studio Pathé pour de nouvelles chansons dont "La vie en rosé", et se produit à l'Etoile avec les Compagnons. Durant l'hiver, elle fait son premier voyage aux USA, et chante au "Constitution Hall". A l'automne 1947, Piaf est à nouveau à l'Etoile, elle décidé de repartir aux Etats-Unis avec les Compagnons. Ensemble, ils chantent au Play House, tout le succès est pour les Compagnons qui partent en tournée, alors qu'elle accepte de jouer son va-tout et de chanter au Versailles de New-York.
De retour en France, à l'ABC, au printemps 1948. elle fait un nouveau triomphe, avant de repartir en juillet, aux Etats-Unis, où elle a une liaison avec Cerdan, Pour la première fois, la chanteuse ne s'est pas amourachée d'un chanteur. A l'automne, une chanson d'Edith Piaf est classée en Angleterre dans le tout nouveau classement des petits formats. Au printemps 1949, Piaf triomphe à nouveau à l'ABC, puis repart pour New-York, L'avion de Cerdan s'écrasera quand il voudra la rejoindre. Edith est brisée par la mort de Cerdan, Drogues et alcools vont devenir son refuge le plus sûr.
Début 1950, salle Pleyel, elle chante "L'hymne à l'amour", chanson à la mémoire de Marcel. Après son nouveau tour de chant à l'ABC, au printemps, elle enregistre plusieurs de ses chansons en anglais. Elle devient proche d'Eddie Constantine, et, en 1951, Piaf revient au théâtre dans "La Petite Lili" à l'ABC. Deux "coureurs cyclistes, André Pousse et Toto Gérardin succèderont officiellement au bel Américain à Paris. Si elle enregistre "Je hais les dimanches” qu’Aznavour – encore peu connu - .lui apporte, c'est qu'elle a envie de le mettre à sa disposition. En vain. Edith retourne en studio pour "Jezebel", adapté par ce dernier. A la fin de l'année, elle se produit à l'ABC avant de tourner "Paris chante toujours". En 1952, Edith convole avec le chanteur-compositeur Jacques Pills et confie au micro de nouvelles œuvres pour la postérité comme "Je t'ai dans la peau" signé par Pills et son pianiste, le futur Gilbert Bécaud. Juste avant de partir pour New-York, où elle se marie, elle tourne "Boum sur Paris". En 1953. elle est à Miami, où elle chante au Copa City Night. En juillet, rentrée à Paris, Gilbert Bécaud lui apporte des chansons. Elle enregistre "Les amants de Venise", "Bravo pour le clown" et "Les croix". Début 1954. Piaf enregistre un futur classique "La goualante du pauvre Jean", et se produit successivement à l'Alhambra, puis à Bobino. Avant de participer, au printemps, au tournage de "Si Versailles m'était conté" de Sacha Guitry, où elle chante "Ça ira". Elle reprend ensuite "Le bel indifférent" sur la scène du théâtre Marigny, avec Jacques Pills. A l'automne, elle est à nouveau en studio pour, entre autres, "Sous le ciel de Paris". Son répertoire oscille maintenant entre les chansons pathétiques puissantes et des chansons sentimentales plus légères. Début 1955, elle fait l'Olympia pour la première fois. A la fin de l'année, elle retrouve New-York , et à la fin de l'hiver, en 1956, enregistre "Les amants d'un jour" et "L'homme à la moto". Avant l'été, elle fait salle comble à l'Olympia avant de tourner dans "Les amants de demain". Juste après, elle retraverse l'Atlantique. Pendant onze mois, elle va parcourir l'Amérique du nord au sud. Piaf chante au Carnegie Hall de New-York. 7 minutes de standing ovation. A la fin de l'année 1957, elle enregistre "La Foule". En 1958, ses succès récents répétés, lui permettent de rester à l'affiche de l'Olympia pendant trois mois avec Félix Marten. Ce dernier lui donne l'envie d'enregistrer "Mon manège à moi". A peine Félix Marten mis sur les rails, qu'elle l'abandonne pour un jeune artiste peintre américain, Douglas Davies, qui durera le temps d'une toile.
À la fin du printemps 1959, elle enregistre "Milord" de Georges Moustaki. Ce dernier va lui donner son premier tube au hit anglais. Elle finira également no3 en Italie et no1 en Allemagne et aux Pays-Bas. Avec Moustaki, à la fin l'année, elle enregistre pour New-York, où elle s'effondre sur de la scène du Waldorf Astoria. De retour en France, elle entreprend une nouvelle tournée.
En 1960, Charles Dumont, qu'elle a longtemps boudé, lui apporte "Non, je ne regrette rien". La chanson triomphe rapidement dans toute , l'Europe. No1 du hit des Pays-Bas, No9 en Italie. Fin 1960, elle enchaîne avec "Mon Dieu", une autre chanson historique. Les succès signés Dumont lui permettent d'envisager l'Olympia avec sérénité. Elle y restera quatre mois, jusqu'au printemps 1961. Elle triomphe grâce aux chansons de Dumont et met en boîte "Exodus", la bande originale du film du même nom. Avant l'été, voilà que point un futur succès, "Les amants". Durant l'hiver 1962, Edith rencontre Théo Sarapo. Il lui donne l'énergie pour se remettre à travailler. Ils se marieront à l'automne. Pendant les fiançailles, ils enregistrent "À quoi ça sert l'amour" et font l'Olympia peu après. A la fin de l'hiver, ils sont à Bobino. Edith, fatiguée, est hospitalisée au printemps. Pour l'été, Théo la conduit, convalescente, sur la côte. Edith rechute. Elle est hospitalisée. Quand elle s'éteint le 11 octobre 1963, clandestinement, dans la nuit, les yeux brouillés par les larmes, Sarapo prend la route vers Paris. Il ramène en voiture la dépouille mortelle. Piaf est inhumée le 14 octobre au cimetière du Père Lachaise. La Chanson enterre une étoile.
Mythe de son vivant, Piaf était condamnée à Féternité. En 1993, ses années de carrière après la mort ont battu en brèche celles qui l'ont précédée. La vie de Piaf est une légende, un roman, en aucun cas, cette histoire ne pourrait être vraie. Et pourtant— Même si la force de l'histoire est telle qu'on est en droit de se demander si la môme a vraiment existé : il y a les chansons. Et cette voix qui sortie des entrailles nous rappelle que pleurer. l'amour, c'est chanter la vie.